Il y a quelques temps, j’avais pris le réchauffement global comme exemple d’un archétype fondateur de notre société, celui du Grand Effort Collectif: un archétype qui avait du sens dans une petite communauté et avec des dangers bien visibles et qui maintenant, transposé à une échelle très différente, devient complètement inutile et contre-productif.
Comme j’avais déjà fait pour la vie à la campagne sans voiture, allons voir une manière d’aborder le sujet des changements climatiques sans tourner en rond.

- Le changement climatique pourrait arriver bientôt. Ou pas. En fait, personne ne sait prévoir les variations du climat sur le long terme (si quelqu’un vous dit le contraire, c’est parce qu’il est un adepte du matérialisme héroïque): une bonne moitié de la planète n’était pas connue il y a 200 ans, et même pour la partie qu’on connait, les données pour les siècles passées sont très lacunaires.
- Les différents comportements individuels, ainsi que ceux des différentes communautés locales, n’aurons aucun impact sur la consommation globale de pétrole. Même si la Suisse déclarait l’urgence climatique et arrêtait complètement de consommer du pétrole, cela équivaudrait à une chute de 0,1% de la consommation mondiale. Et cette chute serait amplement compensée par une augmentation de la consommation de pétrole dans les autres pays.
- Si le réchauffement global reste encore à démontrer, la fin du pétrole, elle, est bien réelle. Le pétrole est pour sa nature une énergie non renouvelable, et quand les réserves seront épuisées, elles le seront pour toujours. On pourra peut-être repousser de quelques années la date de fin du pétrole en consommant les pétroles de moins bonne qualité, mais tôt ou tard, aussi celui-là sera épuisé.
- Face à la fin du pétrole, les énergies renouvelables ne seront pas efficaces. Le pétrole est une forme d’énergie très concentrée, toujours disponible, et relativement facile à extraire. Aucune autre source d’énergie sera capable d’offrir les mêmes prestations que le pétrole: une fois que celui-ci sera épuisé, on devra vivre avec moins d’énergie.
- La fin du pétrole ne sera pas un événement catastrophique, mais plutôt une transition lente. Dans cette longue descente, on se trouverait face a des crises de plus en plus fréquentes, comme celle de 1973 ou de 2008. Et après chaque crise, on reviendra à un monde où tout fonctionne normalement – les avions volent toujours dans le ciel, les rayons des supermarchés sont toujours pleins – mais où les bénéfices de la société moderne sont accessibles à un nombre de plus en plus restreint de personnes.
- le réchauffement climatique sera également un phénomène très lent. On verra des glaciers disparaître, des villes côtières englouties dans la mer, mais le 99% des villes et villages verront juste des changements minimaux. Et même dans les villes et villages qui seront amenés à disparaître, on aura le temps de déménager ailleurs.

Avec ces prémices, comment s’y prendre?
Le philosophe John-Michael Greer avait résumé une possible solution dans la phrase:
Collapse now and avoid the rush (Effondrez-vous maintenant, et évitez les prises de tête)
Étant donné que l’Homme difficilement arrivera à inverser la tendance et que, tôt ou tard, il faudra s’habituer à vivre sans pétrole, et dans un monde au climat plus chaud par rapport au climat actuel…
À ce moment là, mieux vaut s’y prendre à l’avance et y commencer tout de suite.


Dans les prochaines semaines, je vais esquisser des exemples de mise en pratique de cette philosophie. Les différents exemples seront mis à jour dans la liste ci-dessous.
- Ora et Labora
- Monter un écovillage dans une région périphérique
- vivre à la campagne sans voiture
- Le distributisme
- décoration et technologie
- L’écologie qui fait du mal à la planète
- Vivant ou militant?
- Décoration et activisme
- La société de consommation, et les différentes manières d’en sortir.
- Comment gérer le réchauffement climatique?
- Un écovillage radical.
[…] parler autour de moi de collapsologie et d’effondrement. Le sujet m’intéresse, je m’y étais déjà attaque quelques fois, et maintenant c’est le moment de faire une analyse plus complète de […]